Ao dai : la beauté vietnamienne au féminin
Mettre à jour: 10 Novembre 2014
Née au 17ème siècle, l'ao dài est devenue le costume traditionnel des femmes vietnamiennes. Elle met en valeur leur féminité mais aussi leur personnalité.

Huynh Thien Kim Tuyen a été la première secrétaire du comité de l’union de la jeunesse communiste de la faculté des lettres, l’actuelle école supérieure des sciences sociales et humaines de Ho Chi Minh-ville. Elle était surtout une militante de premier rang lors des manifestations estudantines contre le régime saigonnais pendant les années 1970. Vêtue d’un ao dai gracieux, la petite étudiante qu’elle était a réussi à passer plusieurs postes de contrôle de la police pour larguer des tracts et des copies de poèmes de nouvel an du président Ho Chi Minh dans les rues saigonnaises. Huynh Thien Kim Tuyen se souvient : « Je me suis engagée dans les activités révolutionnaires alors que j’étais encore élève au lycée de Gia Dinh. Lorsque j’ai intégré la faculté des lettres, j’ai réussi à persuader toutes les autres étudiantes de porter l’ao dai. C’était en 1970. Ce vêtement traduit parfaitement le cran des jeunes Vietnamiennes. A l’époque, il y a même eu des poèmes et des chansons exaltant les filles en ao dai de la faculté des lettres ».

Aujourd'hui, cette tunique est devenue l’uniforme de nombreuses lycéennes et employées. Au musée des vestiges de guerre de Ho Chi Minh-ville, le personnel féminin la porte à l’occasion des fêtes et des grands événements. Le musée a également réalisé une exposition consacrée à l’ao dài des Vietnamiennes à travers les guerres. Pour la directrice Huynh Ngoc Van, c’est sa tenue de travail au quotidien : «Le musée des vestiges de guerre accueille chaque année 700.000 visiteurs. Nous avons choisi l’ao dài comme uniforme pour nos guides féminins. Les visiteurs apprécient beaucoup cette tenue. Nombre d’entre eux ont proposé de se faire prendre en photo avec nous en ao dài. Ils nous ont dit que les femmes en cette tenue étaient comme des ambassadrices culturelles du Vietnam».

L’ao dài a subi maintes transformations. La période 1930-1940 a marqué un éclaircissement des couleurs. En 1939, sont nées plusieurs nouvelles versions, avec un décolleté en forme de cœur ou avec un col chemisier à un nœud. C’est à partir du début des années 1950 que les tailleurs ont commencé à pratiquer la découpe à la taille. Vers les années 1960, le pan de la tunique est devenu tout droit, descendant presque jusqu’aux chevilles. Quant au col, il était rond. Au début des années 1970, sont apparus des mini-ao dài. La découpe à la taille a disparu, mais l’habit est devenu plus serré au niveau de la poitrine et des manches. Le pantalon était excessivement long avec des pans larges de 60cm. Mais ce n’est pas la dernière modification de l’ao dài. Loin s’en faut. Les créateurs de mode continuent de trouver leur inspiration dans cet habit traditionnel. Minh Hanh est la plus connue d’entre eux. «On a l’habitude de penser que l’ao dài doit être fin, léger, gracieux. Mais non, cet habit peut aussi être fait avec des matières plus brutes, voire synthétiques imprimées et coupées au lazer. Chaque ao dài est le fruit de beaucoup de savoir-faire».

Véritable emblème national, l’ao dài est entré dans la vie de chaque Vietnamienne et de chaque Vietnamien. Il transcende les femmes en soulignant leurs courbes séduisantes, de façon discrète et élégante.

AVI