Le Tây Bac, une identité culturelle à préserver
Mettre à jour: 04 Septembre 2014
En raison des répercussions de la mondialisation et de l’interférence des cultures, les traits culturels traditionnels des ethnies minoritaires de la région Tây Bac (Nord-Ouest) se perdent au fil du temps. Il faut agir, et vite, pour leur préservation et valorisation.

Paysage grandiose de Lao Cai

La région Tây Bac comporte 30 ethnies sœurs avec chacune sa culture originale avec ses chansons, danses folkloriques ou fêtes traditionnelles. Problème, ces traits culturels qui font leur identité se perdent peu à peu.

L’anthropologue Dô Thi Tac, présidente de l’Association de la culture et des arts de la province de Lai Châu, souligne que «si l’on ne trouve pas de solutions de préservation convenables, les valeurs culturelles traditionnelles des ethnies minoritaires du Tây Bac seront enfouies sous terre». Selon elle, plusieurs ethnies minoritaires ne portent plus leur costume traditionnel. Chez certaines, à l’exception des personnes âgées, tous s’habillent comme Monsieur Tout-le-monde.

En outre, les vieillards - qui connaissent bien la culture de leur ethnie - se font chaque jour moins nombreux tandis que les jeunes générations ne veulent pas étudier les valeurs culturelles et l’histoire de leur ethnie.

Les sirènes de la modernité

De plus, si les autorités locales privilégient le développement socioéconomique, rien n’est fait pour la préservation et la valorisation de l’identité culturelle des ethnies minoritaires locales.

Les jeunes, qui jouent un rôle décisif dans l’existence ou la disparition de la culture de chaque ethnie, préfèrent aujourd’hui les chansons, danses, ou vêtements modernes. En effet, dans un hameau de l’ethnie Mảng, province de Lai Châu, les jeunes filles âgées de 15 à 20 ans ne portent plus leur costume traditionnel, elles s’habillent «normalement» avec jupe, jeans, T-shirt... La beauté de ces traits culturels uniques se perd peu à peu tandis que certaines mœurs arriérées - qu’il serait bon, pour le coup, d’enterrer – perdurent, comme le mariage précoce.

Selon l’artiste Lo Van Soi, de l’ethnie Thai et domicilié dans la commune de Muong Cang, district de Than Uyên, province de Lai Châu, les fêtes comme Lông Tông (descentes aux champs), Xoè (danse xoè)... sont menacées d’extinction. Les jeunes ne connaissent plus les chansons et danses folkloriques de leur ethnie.

Trân Huu Son, directeur du Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Lào Cai, fait savoir que cette situation est avant tout imputable à la mondialisation. Avec le développement de l’économie de marché, les minorités ethniques n’ont plus besoin de cultiver les plantes leur fournissant ensuite du tissu. Il leur suffit simplement d’aller au marché pour s’approvisionner en matières premières et confectionner leurs vêtements.

En outre, les opérations de relogement pour les habitants des hameaux touchés par des glissements de terrain participent aussi, involontairement, à cette tombée progressive dans l’oubli. Dans leurs nouvelles résidences, les habitants n’ont plus d’espace commun pour leurs activités culturelles.

Un constat sans appel qui contraint les autorités locales à trouver dans les meilleurs délais des politiques convenables afin de préserver la culture de manière durable et efficace.
En réalisant la résolution du 5e plénum du Comité central du Parti communiste vietnamien (VIIIe mandat) intitulée «Édifier et développer une culture vietnamienne moderne et porteuse de l’identité nationale», les provinces de la région Tây Bac ont concentré leurs efforts sur la préservation de la culture traditionnelle des ethnies minoritaires. En effet, les fêtes des ethnies minoritaires ont été restaurées et sont désormais organisées chaque année. Les sujets et projets scientifiques au niveau provincial ou national sur la préservation de l’espace culturel pullulent.

Des politiques de préservation

D’après Pham Van Hùng, directeur du Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Diên Biên, la plupart des hameaux, groupes d’habitants de la province disposent maintenant d’une maison culturelle équipée d’un système de sonorisation au service des activités collectives. En outre, des troupes de chanteurs amateurs ont été créées dans chaque hameau.

Diên Biên organise régulièrement des fêtes culturelles et sportives entre les communes ou districts, lors desquelles les habitants peuvent étudier la culture de chaque ethnie par le biais de chansons folkloriques, de danses ou de jeux traditionnels...

À souligner aussi la Journée de la culture et des sports et du tourisme des provinces du Tây Bac, organisée tous les ans dans chaque province à tour de rôle. Il s’agit d’une occasion pour les artistes, acteurs, sportifs amateurs de montrer leurs talents et les caractères culturels originaux de leur ethnie devant les autres.

Selon le Comité de pilotage du Nord-Ouest, afin de poursuivre la réalisation de la résolution du 5e plénum du Comité central du Parti communiste vietnamien (VIIIe exercice) susmentionnée, les provinces du Nord-Ouest ont proposé une série de solutions. Il s’agit d’élever la prise de conscience des habitants sur la nécessité de préserver et de mettre en exergue les valeurs culturelles traditionnelles. En outre, les provinces de la région doivent accélérer la construction et le parachèvement des grands ouvrages culturels, faire en sorte d’améliorer la qualité des activités culturelles, encourager les organisations, particuliers et entreprises à investir dans les établissements culturels ou centres de loisirs.

Le chantier est par conséquent immense. Mais c’est seulement à ce prix qu’il sera (peut-être) possible de préserver les particularismes culturels des ethnies de la région Tây Bac, et plus largement du Vietnam, de l’appétit insatiable de la mondialisation qui tend à uniformiser nos sociétés. -VNA

AVI