Le Sanctuaire de My Son– une trace de la civilisation du Champa
Mettre à jour: 29 Août 2014
(TITC) - Le Sanctuaire de My Son est situé dans la commune Duy Phu, district Duy Xuyen, province de Quang Nam, à environ 70 kilomètres au sud-ouest de la ville de Da Nang et 10km à l’ouest de Tra Kieu. Il s’agit d’un ensemble de temples-tours Cham en ruine, nichés dans une vallée d’environ 2 km de diamètre. My Son est le centre culturel et religieux, ainsi que le lieu de sépulture de rois et de moines Champa.

Selon les documents historiques, les premières tours ont été construites par le roi Bhadresvara (dont le règne s’étale de 381 à 413). A la fin du VIe siècle, le temple a été détruit par un incendie. Au début du VIIe siècle, le roi Sambhavarman, qui a régné de 577 à 629, a reconstruit le temple avec des briques. Les dynasties de Champa qui se sont succédées n’ont cessé de préserver, d’améliorer les temples et de nombreux grands et nouveaux temples ont été construits.

Avec de nombreuses œuvres architecturales construites du IVe au XIVe siècles, My Son est devenu le plus important centre architectural du Royaume Champa. En 1470, lorsque le royaume du Champa s’est écroulé, le site a été complètement abandonné. Ce n’est qu’en 1885 qu’il a été redécouvert par un groupe de soldats français. En 1808, deux explorateurs français L.Finot, L.de Lajonquière et l’architecte-archéologue français H. Parmentier ont venus à My Son pour étudier l’épitaphe, la sculpture et l’architecture Cham unique de ce site.

Les temples-tours de My Son, toutes orientées à l’Est pour recevoir la lumière du soleil, ont été construits en nombreux groupes qui ont suivi essentiellement le même modèle. Chaque groupe était composé d'un temple-tour principal (Kalan), entouré de tours et monuments auxiliaires.

Chaque Kalan se compose de 3 parties: le bhurloka (les fondations) qui représente le monde terrestre, le bhurvaloka (le corps de la tour), le monde spirituel, et en haut, le svarloka, le monde sacré, domicile des dieux.

Autres édifices importants, à l'opposé du Kalan, le gopura (tour de la porte) et, entre les deux, un mandapa qui servait de vestibule pour se purifier et prier avant d'entrer dans le kalan. A droite de ce dernier, le Kose grha, petit tour, avec un toit en forme de bateau, pour déposer les offrandes. Les temples Cham n’ont pas de fenêtres, seulement les tours et monuments auxiliaires en contiennent.  

Les temples-tours de My Son sont entièrement construites en brique avec de rares éléments de grès ou de granit (principalement les piliers, linteaux et pierres angulaires). Les briques étaient peu cuites, de façon à pouvoir être travaillées et sculptées. La technique utilisée pour assembler les briques reste encore un mystère. Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses. Parmi les plus répandues: les Chams employaient un liant composé de substances végétales extrait du diptérocarpu à fruits ailés (arbre dầu rái en vietnamien). Autre supposition: les murs auraient été construits en briques crues et l’ensemble aurait été cuit par la suite. Les sculpteurs n’entraient en action qu’à la fin de la construction et réalisaient des œuvres souvent superbes, foisonnantes, utilisant largement des motifs végétaux, fleurs, animaux, etc. En raison de la grande influence architecturale et culturelle de l’Inde, My Son compte aussi nombre de stèles gravées en sanskrit - langue sacrée et langue littéraire de l’Inde ancienne.

En observant la nomination de H. Parmentier, les temples-tours de My Son sont classés en groupes de lettres (A, A', B, C, D, E, F, G, H et K), puis numérotés en fonction de leurs fonctions. Il commence avec le temple principal, le Kalan, (numéro 1), puis le tour de la porte (numéro 2), et ainsi de suite. Même si cette méthode brise l’architecture unifiée du complexe architectural de My Son, elle est remarquablement efficace pour l'étude et l’entretien des temples-tours de My Son.

Les temples-tours de My Son sont des chefs d’œuvre de construction en briques de l’époque, à la fois sur le plan de la technologie de leur construction et du fait de leurs décorations détaillées sculptées dans la brique. La situation et le caractère sacré du site ont assuré que les monuments sont restés intacts dans leur cadre naturel d’origine, bien que beaucoup d’entre eux aient subi des dommages au cours des années. L’authenticité de My Son en matière d’architecture, de matériaux, d’ouvrage et de situation, continue à soutenir son intérêt universel exceptionnel.

Lors de la 23e session du Comité du patrimoine mondial tenu en 1999 à Marrakesh (Maroc), le Sanctuaire de My Son a été reconnu par l'UNESCO patrimoine culturel mondial pour la Critère (ii): Le sanctuaire de My Son est un exemple exceptionnel d’échange culturel où une société autochtone s’adapte à des influences culturelles externes, notamment l’art et l’architecture hindous du sous-continent indien ; et la Critère (iii): Le royaume Cham a été un phénomène important de l’histoire politique et culturelle de l’Asie du Sud-Est, brillamment illustrée par les temples-tours de My Son.  

Phuong Mai