Hanoi, la rue des lettrés et ses calligraphies
Mettre à jour: 05 Mars 2014
Chaque année, la rue Van Miêu, à Hanoi, se métamorphose pendant le premier mois lunaire. Les gens y affluent pour demander aux lettrés des calligraphies dans l’idée de s’attirer la bonne fortune.  

Van Miêu est surnommée à chaque printemps la «rue des lettrés». Sauf qu’ici, les lettrés sont essentiellement des grands connaisseurs d’art calligraphique. Ils installent leurs «boutiques» pour remettre aux passants, Vietnamiens ou touristes étrangers, des écritures en caractères sino-vietnamiens.

Tout le long de la rue Van Miêu, sur environ 90 mètres de long, devant les stands qui attirent immédiatement le regard par les couleurs vives des papiers, des lettrés, une vingtaine environ, en costumes de gaze, s’affairent à rédiger des sentences parallèles, des vœux du Nouvel An, des mots, le tout en respectant - à la lettre, cela va de soi - les codes de l’art calligraphique. L’on peut y lire Tâm (cœur), Nhân (patience), Chân (vrai)… sur des feuilles de papier rouge, sur du bois, du bambou voire même sur de la soie ou de la pierre.

Les visiteurs, jeunes ou âgés, profanes ou initiés, attendent patiemment que l’œuvre prenne forme sous leurs yeux qui s’illuminent chaque fois que le pinceau du calligraphe vient lécher le support.

Susciter la chance

D’après le calligraphe Trân Quang Duc qui, chaque printemps depuis une dizaine d’années prend ses quartiers dans cette rue, les gens rendaient auparavant visite aux lettrés pour demander des écritures sous forme de poèmes, de sentences parallèles pour décorer l’autel ou le salon.

«Aujourd’hui, le but de la demande des écritures en caractères chinois évolue. Les gens, notamment les jeunes, viennent nous trouver pour demander nos écritures en vue de s’attirer la bonne fortune, le confort et la tranquillité de l’esprit toute l’année», précise-t-il.

«Je viens ici pour demander le mot +Nhàn+ (oisiveté) pour mes parents avec le souhait qu’en cette nouvelle année, leur vie sera placée sous les signes de la sérénité et de la félicité. Je ne comprends pas très bien les caractères sino-vietnamiens mais sous le pinceau des calligraphes, je les trouve si souples et beaux», exprime une étudiante, fascinée par la manière dont les calligraphes manient leur outil.

La rue des lettrés constitue un espace artistique qui permet aux calligraphes de se rencontrer et de discuter. C’est aussi l’occasion rêvée de présenter un trait de l’identité culturelle vietnamienne.

 

CVN