Les Kinh : l’artisanat traditionnel
Mettre à jour: 16 Décembre 2013
Les Kinh, créatifs et habiles, sont fiers de leurs produits artisanaux. Il faut dire qu’avec plus de 400 villages d’artisanat traditionnels, ils ont de quoi s’enorgueillir de posséder un patrimoine unique en son genre, patrimoine qui a survécu aux affres de l’histoire, et qui de nos jours est plus vivant que jamais.

Village de soie Van Phuc, Hanoi
 
Autrefois, les Kinh confectionnaient eux-mêmes ce dont ils avaient besoin pour leur vie quotidienne : les vêtements, les jarres, les corbeilles… C’est ainsi qu’en plus d’être de remarquables riziculteurs, ils sont devenus des artisans. Et autant le dire d’entrée de jeu, dans ce domaine comme dans bien d’autres, c’est bien simple… ils excellent !

Pour un étranger fraîchement débarqué au Vietnam, l’une des choses les plus frappantes, c’est cet influx campagnard qui traverse même les grandes villes, lesquelles ne sont en fait que de vastes conglomérats de petits villages accôtés les uns aux autres. Une autre particularité, toute asiatique, est ce regroupement quasi systématique des corporations dans les faubourgs des grandes villes ou dans les villages. C’est ainsi que l’on peut trouver un village du bambou, un village de la soie, un village de la poterie, un village du papier, un village des estampes… Ces spécialités artisanales sont souvent implantées depuis de nombreuses générations sur une terre spécifique dont le nom-même a une signification bien précise. Qui n’a jamais entendu parler des vases de Bat Trang, des foulards de soie de Van Phuc ou des estampes de Dong Ho?

Hanoi, la capitale millénaire, abrite elle-même plusieurs métiers traditionnels parmi les plus anciens du pays. Dans le passé, les gens de toutes les régions y affluaient pour tenter leur chance. Ils vivaient ensemble dans un même lieu et, progressivement, s’organisaient en corporations spécialisées dans tel ou tel métier.

Dans le vieux quartier des 36 corporations, chaque rue était autrefois étroitement liée à un métier qui lui a d’ailleurs donné son nom, comme la rue Hàng Thiec (Rue des Ferblanciers), la rue Hàng Muôi (Rue de sel), la rue Hàng Đồng (Rue du Cuivre)… Vous vous demandez ce qui se faisait dans ces fameuses rues ? C’est bien simple : c’est comme leurs noms l’indiquent ! 

Bien que beaucoup de ces anciens métiers aient disparu, le commerce demeure extrêmement vivace dans le vieux quartier. Le professeur Ngo Duc Thinh, folkloriste : "Prenons l’exemple de la rue Hàng Quat (Rue des Eventails), maintenant, on n’y vend plus d’éventail. Mais tout le monde sait bien qu’il existait autrefois dans cette rue un métier traditionnel, un mode de vie bien particulier."

Un certain nombre de rues ont donc changé de métier. Dans la rue Hàng Than, par exemple, on vend maintenant des banh côm (gâteaux de jeune riz gluant), du thé et des cigarettes pour les cérémonies de mariage, dans la rue Hàng Vai, ce sont des produits en bambou, dans la rue Hàng Chao, du matériel électrique…

Situé en banlieue de Hanoi, dans le district de Gia Lâm, le village de Kiêu Ky est réputé depuis longtemps pour ses feuilles d’or très minces qui servent à dorer les statues de bouddha, les sentences parallèles, les objets de culte… Les habitants de Kiêu Ky comprennent mieux que quiconque l'importance de ce métier, un métier qui a bien failli péricliter pour de bon, mais qui est finalement ressurgi de ses cendres grâce aux efforts inlassables de nombreux artisans. Nguyen Huu Nam, propriétaire d’un atelier de fabrication du village : C’est le métier de nos ancêtres. Il y a des secrets qui ne se transmettent que de génération en génération.

Dans les endroits où les métiers traditionnels sont préservés, les gens gagnent bien. On estime à environ 12 millions le nombre de personnes vivant de l’artisanat.

A noter, pour finir, que ces villages d’artisanat ont la vertu de susciter un afflux touristique de plus en plus important.

 

VOV