La fée marraine des Dao rouges
Mettre à jour: 24 Avril 2018
Les Dao rouges sont une communauté ethnique de la province septentrionale de Lào Cai. Ils croient que leurs enfants sont protégés chacun par une fée marraine. Les douze mois de l’année correspondent d’ailleurs à autant de fées marraines qui veillent sur la santé et l’épanouissement des enfants et qu’il convient d’invoquer en organisant des cérémonies en leur honneur.

Dans les croyances populaires des Dao rouges, chaque bébé qui naît est comme une fleur qui éclot sur un arbre séculaire. La position de la fleur correspond à la date de naissance du bébé. La position centrale, au milieu du tronc, passe pour être la position idéale. Par contre, si la fleur se trouve à la cime, elle sera plus exposée aux intempéries et l’enfant risque de tomber souvent malade ou en tout cas, ne pas se développer normalement. Les parents de l’enfant en question doivent alors multiplier les cérémonies pour demander à la fée marraine d’intercéder. Dans des cas particuliers, il leur arrive même de la supplier de faire descendre la fleur vers le milieu du tronc, un endroit plus calme, plus sûr.

Les offrandes comprennent, entre autres choses, un coq, une bouteille d’alcool, deux papiers d’argent votif que la famille a confectionnés elle-même, un bol de riz, un œuf de poule entouré d’un fil blanc quand il s’agit d’un garçon, d’un fil rouge quand il s’agit d’une fille.

Lorsqu’elle aura déterminé le jour faste, la famille fera appel à un chaman. Tân Sài Hiêng en est un.

«De zéro à 16 ans, l’enfant est sous la protection d’une fée marraine. Les parents n’ont ni le droit de l’invectiver, ni de le faire sursauter», affirme-t-il. «Si l’enfant sursaute, la fée marraine lui ôtera une partie de son âme, et l’enfant tombera malade. Et si les parents ne prennent pas bien soin de leur enfant, la fée marraine le reprendra pour le confier à une autre famille. Ces croyances expliquent pourquoi chaque fois qu’ils voient leur enfant pleurer excessivement, manger et dormir mal, ils nous invitent à venir implorer la fée marraine.»

La cérémonie ne peut avoir lieu que quand l’enfant se trouve à l’intérieur de la maison. En chantant ses prières, le père prie les ancêtres, les divinités en général et la fée marraine en particulier, de bénir son enfant.

Le jour de la cérémonie, aucun étranger ne doit entrer dans la maison. Après la cérémonie, les membres de la famille se partageront les offrandes, toutes les offrandes, à l’exception du bol de riz et de l’œuf, lesquels seront cuits trois jours plus tard. C’est l’enfant tout seul qui les mangera.

Ces cérémonies sont organisées régulièrement jusqu’à ce que l’enfant ait 12 ans, pour les garçons, et 16 ans, pour les filles. A cet âge-là, il ou elle aura sa cérémonie d’initiation, marquant son passage à l’âge adulte.

Pour les Dao rouges qui se respectent, comme Ly Ta Mây, lorsqu’il s’agit de la fée marraine, aucune négligence ne saurait être autorisée.

«Aussi simple soit-elle, la cérémonie en l’honneur de la fée marraine exige la plus grande attention», souligne-t-elle. «La tradition veut qu’on invite le même chaman lors de toutes les cérémonies de la vie d’un enfant. Mais attention, si les offrandes ne sont pas préparées avec soin, l’enfant risque d’avoir mal aux yeux, voire de perdre la vue ou l’ouïe. C’est pourquoi, on doit faire très attention dans la préparation des offrandes.»

La cérémonie en l’honneur de la fée marraine n’est qu’une des pratiques ancestrales encore en vigueur dans la vie des Dao rouges. Il y en a bien d’autres que nous vous présenterons au cours de nos prochaines émissions.

VOV