Les Co Tu, un peuple reconnaissant envers la forêt
Mettre à jour: 12 Avril 2018
Les Co Tu sont une minorité ethnique vivant essentiellement à Tây Giang, un district montagneux de la province centrale de Quang Nam. Ils vivent de façon plutôt isolée et dépendante de la nature, ce qui leur permet de préserver bien des traditions ancestrales. L’une d’entre elles consiste à rendre hommage au génie de la forêt au début de l’année.

Aujourd’hui, les Co Tu de la région se sont donné rendez-vous dans la forêt de bois de Siam située dans la commune d’A Xan. Le bois de Siam compte parmi les plus solides des bois de fer, et cette forêt de 450 hectares est surnommée par la population locale «le royaume du bois de Siam». Culminant à 1500 mètres d’altitude, c’est l’une des rares forêts primaires du genre en Asie du Sud-Est. Mais revenons-en à la fête du jour, celle qui consiste à remercier le génie de la forêt d’avoir nourri et de continuer à nourrir les humains. Au début de chaque saison agricole, les Co Tu vont rendre hommage à ce génie. Ils lui présentent des offrandes consistant en une jarre d’alcool, un coq, du poisson, du riz gluant, des fruits. Cette tradition, dont la pratique n’a été suspendue que pendant la guerre, vient de retrouver ses lettres de noblesse, grâce aux efforts des autorités locales. A Lang Dan, un patriarche villageois Co Tu, se sent comblé de bonheur.

«Cette fête est très ancienne. Autrefois, nos ancêtres abattaient un buffle pour inviter à un jumelage entre l’âme de la jungle et celle des humains», nous dit-il. «Ce jumelage nous évitera de tomber malades et nous unira dans la protection du bois de Siam.»

Les Co Tu considèrent la forêt comme leur maison et les arbres, comme leurs enfants. Chaque fois qu’ils veulent abattre un arbre, peu importe sa taille, ils organisent une cérémonie pour demander l’autorisation du génie de la forêt. Dans les croyances populaires, chaque arbre abrite une divinité et son abattage entraînerait des maladies, provoquées par la divinité ayant perdu son abri, et des sanctions villageoises. Justifiées ou non, ces croyances ont en tout cas eu pour effet de garantir la survie des forêts, explique Po Loong Plenh, un Co Tu.

«Autrefois, chaque fois qu’on voulait abattre des arbres pour construire une maison, on devait tout d’abord demander l’autorisation du patriarche villageois qui donnait également des conseils pour ne pas abîmer les petites plantes. Au fur et à mesure, nous avons acquis l’habitude de protéger la forêt. Même lorsqu’il nous arrive de détruire une parcelle de forêt pour faire notre champ, nous évitons de toucher aux forêts sacrées, primaires et à celles qui se trouvent en amont des rivières», nous raconte-t-il.

Selon la tradition Co Tu, avant d’exprimer sa gratitude, en bonne et due forme, envers le génie de la forêt, la communauté n’a ni le droit de commercer avec l’extérieur, ni de semer de nouvelles graines. Bh’riu Liêc, secrétaire du comité du Parti pour le district de Tây Giang, a beaucoup fait pour que cette belle tradition puisse renaître.

«Les habitants sont extrêmement motivés à l’idée de retrouver la culture villageoise de leurs aïeux. Nous discuterons avec eux, et notamment avec les patriarches, de la possibilité d’organiser cette fête annuelle non seulement dans la forêt de bois de Siam d’A Xan, mais aussi dans d’autres localités, de manière à faire de cette cérémonie un produit culturel et touristique de la province de Quang Nam», nous indique-t-il.

Une chanson populaire Co Tu dit:

«L’oiseau au ciel a besoin de la jungle
Le poisson dans le ruisseau a besoin d’eau claire
Les Co Tu ont besoin de la protection de la Mère forêt
Pour procréer et prospérer…»

VOV