Phu Gia célèbre son riz gluant
Mettre à jour: 28 Mars 2018
C’est une tradition: tous les ans, au 8ème jour de l’année lunaire, les habitants du village de Phu Gia sont en fête. Ils célèbrent le riz gluant, dont la cuisson est leur grande spécialité locale, celle qui a fait et qui continue de faire leur renommée. 

Phu Gia est l’un des trois villages anciens du quartier de Phu Thuong, les deux autres étant Thuong Thuy et Phu Xa. Quant au quartier de Phu Thuong, il fait partie intégrante de l’arrondissement de Tay Ho, à Hanoi donc.  

Cette fameuse fête du riz gluant, ce n’est pas tout à fait en fanfare qu’elle débute, mais au son des tambours, auquel viennent s’ajouter de nombreuses danses folkloriques. Et très vite, l’exubérance gagne tout le village.

Mais c’est avec le concours de cuisson de riz gluant que la fête atteint son paroxysme.

Cette année, le concours a mis aux prises 6 équipes, chacune ayant à cœur de mettre en valeur les saveurs typiques de la localité. Mais s’il s’agit bel et bien d’un concours de cuisson de riz gluant, il s’agit également d’un concours de connaissances puisque chaque équipe devait également répondre à des questions sur la cuisson du riz gluant. Et si la fête se tient de facto dans le village de Phu Gia, elle prend le nom du quartier de Phu Thuong, car c’est bien tout un quartier qui se sent ainsi impliqué dans la défense et la promotion de son produit phare.   

« C’est une fête qui est liée au culte du génie tutélaire du village, et qui est organisée dans la maison communale, dans l’après-midi du 8ème jour de l’année lunaire », nous explique Hy Phu, le chef du comité d’organisation de la fête du riz gluant de Phu Thuong. « Pour ce qui est du village de Phu Gia, il faut savoir qu’il est divisé en 6 hameaux et que chaque hameau présente une équipe de 5 personnes. Alors en quoi consiste le concours, sinon… Eh bien à préparer toutes les sortes de riz gluant possibles : au haricot mungo, au haricot noir, à la cacahuète, à la pomme de merveille et bien sûr aux 5 couleurs… Le temps réglementaire est d’une heure pile. Alors, pour le jury, il y a plusieurs critères d’évaluation : la cuisson proprement dite, la présentation, la saveur… »

Comme il se doit, les membres du jury sont tous des cuiseurs émérites. C’est le cas de Công Thi Be, qui en fait partie depuis quelques années déjà.    

« C’est une façon comme une autre de perpétuer une ancienne coutume », nous dit-elle. « Ce qu’on demande aux participants, c’est d’être capable de préparer un beau plateau de riz gluant et d’avoir de réelles connaissances sur le sujet. Le riz est goûté par ceux qui assistent à la fête, de toute façon. L’idée, c’est qu’il soit glutineux, souple, parfumé, savoureux… et qu’il le reste toute une journée durant ! »   

Naturellement, cette fête du riz gluant fait la part belle aux mets campagnards de la région : galettes de riz soufflées, nougats, alcool de riz gluant… Nguyên Hông Son est ce qu’on appelle une « enfant du pays », et visiblement elle n’est pas peu fière de « son » riz gluant.   

« Oui, c’est vrai, je suis fière, et même très fière, d’être née dans un village qui produit un aussi bon riz gluant ! Cela dit, je trouve qu’il mériterait d’être davantage connu », estime-t-elle. 

Connu, il l’est déjà. Et apprécié, à juste titre. Dire des cuiseurs de Phu Gia qu’ils ont su élever la préparation du riz gluant au rang d’artisanat noble n’aurait rien d’exagéré. Trois d’entre eux sont d’ailleurs des artisans de niveau national.

« On tient une moyenne quotidienne de 9 tonnes par jour ! Et quand c’est un jour de fête, alors là bien évidemment, c’est beaucoup plus… Certains restaurants de l’aéroport de Noi Bai viennent s’approvisionner chez nous, de toute façon, ce qui garantit un bon écoulement. Ici, c’est un village d’artisanat traditionnel, reconnu comme tel, en tout cas, depuis l’année dernière. Alors maintenant, la prochaine étape, c’est la création d’un label et on y travaille d’arrache-pied », nous indique Hoàng Gia Luong, le président de l’association des artisans du village.  

On ne se risquera tout de même pas à dire des habitants de Phu Gia que leur riz gluant leur colle à la peau… Force est de constater néanmoins que pour eux, ce riz est bien plus qu’une denrée alimentaire : un art de vivre à part entière…

VOV