La maison commune de Thô Hà, un site impressionnant à Bac Giang
Mettre à jour: 13 Septembre 2017
La maison commune de Thô Hà, dans la province de Bac Giang (Nord), se trouve en aval de la rivière Câu, dans la partie Nord de l’ancienne capitale de Thang Long, le Kinh Bac. Elle a été reconnue monument architectural et artistique national en 1964.

La maison commune de Thô Hà à Bac Giang (Nord). Photo: Bùi Phuong/CVN

À environ 60 km au nord-est de Ha Noi, la maison commune de Thô Hà rend hommage au génie tutélaire du village, Lao Tu, et au fondateur du métier de la céramique, Dào Trí Tiên. Elle a été bâtie en 1686 sous le règne du roi Lê Chính Hoà. L’édifice a la forme d’un H couché (工), son toit est couvert de tuiles en forme de feuilles de bodhi.

Les angles de son toit de tuiles sont recourbés vers le haut, dans la tradition typiquement vietnamienne, et décorés de petits animaux en faïence rouge sombre. La maison commune possède 22 poutres sculptées de nuages, de dragons, de licornes et d’autres animaux, portées par un total de 48 colonnes en bois de fer (lim) réparties dans ses sept pièces.

La charpente, finement sculptée, comporte des tableaux très vivants, avec des scènes de jeunes femmes en jupes longues et cheveux en chignon, à cheval sur des phœnix ou des dragons, ou encore dansant dans les nuages. Le sol du pavillon est pavé de pierres bleues polies. La porte d’entrée en bois sculptée est incrustée d’or, lui conférant une apparence majestueuse. Aujourd’hui encore, la maison commune conserve neuf anciennes stèles de pierre.

«Cet édifice est un lieu tranquille et paisible. Son architecture est somptueuse. La visite m’aide à découvrir son histoire séculaire. En outre, cela me permet d’en apprendre plus sur celui que l’on considère ici comme le fondateur du métier de céramiste», a partagé Bùi Phuong, une touriste de Ha Noi.

Fête du village de Thô Hà

Cette maison commune est un centre d’échanges culturels et spirituels de la population locale. La fête de Thô Hà a lieu chaque année les 21e et 22e jours du premier mois lunaire. Le rite le plus important de cette fête est la procession du génie tutélaire organisée avec la danse de dragon et des jeux de tambours. Particulièrement animée tout en demeurant solennelle, elle attire tous les villageois ainsi qu’une foule de visiteurs.

Après ces rites, ont lieu de nombreuses activités culturelles, telles que concours de confection de poteries et de galettes de riz, combats de coqs, échecs traditionnels, lutte... Sur la rivière Câu, les villageois organisent une course de pirogues. Toutefois, la partie la plus excitante est le quan ho (chant alterné) interprété par la population de Thô Hà, dont les airs fascinent petits et grands. Les artistes du village jouent également du tuông (théâtre classique) à la maison commune dans la soirée.

Le festival est une occasion pour les villageois d’honorer le génie tutélaire du village, Lao Tu, et l’ancêtre de la poterie, Dào Trí Tiên, afin de leur exprimer toute leur gratitude. Il contribue aussi à la préservation et à la promotion des valeurs culturelles du peuple vietnamien. La fête villageoise de Thô Hà est une des fiertés de la région du Kinh Bac, territoire d’une culture très riche. Elle a d’ailleurs été reconnue patrimoine culturel immatériel national en 2012.

Un ancien village de poterie

La maison commune de Thô Hà se trouve dans le village éponyme. Ce dernier, situé dans la commune de Vân Hà, district de Viêt Yên, était autrefois un des trois centres de céramique les plus célèbres du Vietnam. Ce village est aussi connu pour son architecture typique du fleuve Rouge, comme en témoignent la porte du village, la maison commune et la pagode Thô Hà.

À la différence des villages du delta du Nord, les habitants de Thô Hà n’ont aucun champ et vivent depuis longtemps des métiers de l’artisanat, dont la poterie, ainsi que de petits commerces dont les ruines existent encore à l’heure actuelle. Les traces du glorieux passé du village de poterie restent gravées sur les toits, les murs, la porte du village, la maison commune et sur les chemins, pavés de morceaux de faïence.

Dans ce terroir riche en grès et argile, le métier de céramiste est né au XIIe siècle. Thô Hà, comme bien d’autres villages artisanaux, n’a pas résisté au virage de la modernité et a perdu son métier ancestral. Les clients se sont détournés des produits traditionnels au profit des céramiques modernes, plus durables et moins coûteuses. Aujourd’hui, Thô Hà est spécialisé dans la fabrication de pâtes et de galettes de riz.

Le style antique et typiquement vietnamien, le paysage pastoral, l’hospitalité des habitants et leur métier traditionnel de la poterie, c’est ce qui a fait de Thô Hà une destination incontournable pour les touristes comme pour les historiens.

AVI